lundi 27 juin 2016

Cérémonie du thé Omote-Senke, un détour par le panthéon bouddhique du Musée Guimet

Il y a deux semaines, je suis allée assister à une "cérémonie" du thé organisée au panthéon bouddhique du Musée Guimet. J'emploie les guillemets car, comme précisé par notre guide, ces rencontres autour de pâtisseries et de bols de thé ne sont pas en rapport avec une quelconque religion. Ce moment est directement lié à la philosophie zen et constitue davantage une étape du chemin emprunté par les "disciples" de la voie du thé, un moment renouvelé de la vie quotidienne.

En effet, la voie du thé (chado) est une discipline de vie adoptée par des individus, au même titre que l'on adopte la voie d'un art martial ou que l'on s'adonne à une philosophie de vie. Malgré ma pratique de l'aïkido -qui, je le pensais, me rendrait sensible à ces types de discipline-, je restais un peu perplexe alors que le guide expliquait ceci. En quoi décider de faire du thé est une discipline de vie ? Comment l'exécution de gestes codifiés peut devenir l'expression d'une philosophie ?

La cérémonie du thé, telle qu'elle est proposée au panthéon bouddhique du Musée Guimet, est une variante raccourcie de la cérémonie traditionnelle (cette dernière suit un format de quatre heures). L'hôte conduit ses invités au travers du roji, un petit jardin japonais, zen, qui permet de créer un lien entre le monde dit "extérieur" et le pavillon du thé. Ce dernier est une structure de bois et de papier, fragile et légère donc, qui permet notamment de maintenir le lien avec l'environnement. Une fois à l'intérieur, assis sur les tatamis, on peut toujours entendre les bruits de l'extérieur (malheureusement, à Paris, il s'agit du bruit des voitures et des écoles, moins "zen" que le vent ou la rivière...). Après une description explicative du pavillon, la cérémonie à proprement parler commence.


Pavillon du panthéon bouddhique du musée

Crédits : Jean-Paul Pinon/MNAAG, tous droits réservés

Je me tais et j'observe. Les façons d'ouvrir les portes, les déplacements et les saluts. Chaque geste de notre hôtesse qui prépare le thé. Écouter. Le bruit de l'eau. Le claquement d'un tissu que l'on plie et déplie. Et puis je goûte : la pâtisserie, un biscuit dur à base de pois broyés et de sucre, et le thé, le macha (thé vert réduit en poudre, dont on émulsionne une très petite quantité avec de l'eau frémissante). Je m'inquiétais un peu car j'avais entendu dire qu'il était très amer. Mais le breuvage a un goût assez doux, un peu herbeux ; sa couleur verte et la mousse à la surface évoque un breuvage médicinal, ce qui était d'ailleurs le premier usage du macha. Petit détail agréable supplémentaire, la température est parfaite pour que le thé soit apprécié immédiatement. Pendant la cérémonie, chaque sens est mobilisé.

C'est réellement au moment de la dégustation que j'ai mieux compris les explications de nos hôtes. En effet, chaque membre présent dans le pavillon appréciait, tout à la fois individuellement et collectivement, un moment simple, un goût, et cela créait une atmosphère sereine et partagée. C'est ainsi que l'on peut entrevoir le principe du chado : l'importance d'un instant ne réside pas dans ce que vous y faites, mais ce que vous y mettez. Chaque étape de ce petit rituel, la traversée du roji, la préparation, puis la dégustation, vise à placer dans des gestes simples une intention pacifiste, respectueuse et sereine.

L'expérience a été à la fois agréable et enrichissante. Il faut noter que c'est un véritable plaisir visuel, notamment concernant les costumes traditionnels (kimono) revêtus par les hôtes. L'ensemble de la cérémonie représente à merveille le raffinement que l'on s'attend à trouver dans la culture japonaise.


Pour tous les curieux, vous trouverez ici les informations nécessaires pour réserver. Attention, il faut souvent s'y prendre six mois à l'avance... !
Remerciements à Mme H. Lefevre pour m'avoir donné à accès au cliché ci-dessus.

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